Le sommeil chez l'enfant

Le sommeil chez l’enfant et l’adolescent. Chapitre 2

« J’ai  pas sommeil,… j’ai peur du noir, …

…y’a un monstre dans ma chambre, …

,… j’ai soif, … j’ai mal au ventre, … »

j’veux dormir avec vous!!! »                                                                                                               

Quel parent n’a pas un jour eu des soucis avec le sommeil de
son enfant.

Pour que le moment du coucher ne vire pas à l’épreuve de
force et que la nuit ne devienne

pas un cauchemar pour toute la famille, cet article vous donne des réponses et des astuces.

 »                                                                                                       Le sommeil c’est la
santé, dormir c’est vivre aussi » (Inpes 2007)

Le sommeil de l’enfant : pourquoi faire?

Comme pour les adultes, le sommeil de l’enfant est essentiel à sa vie et à son développement.

Alors que les parents récupèrent de leur côté, l’enfant grandit!  Et oui, c’est principalement pendant le sommeil que
l’hormone de croissance est secrétée. Alors que son système nerveux s’organise, il se détend, récupère des tensions
nerveuses de la journée en rêvant il fait le plein d’énergie et booste son système immunitaire.

Au fur et à mesure qu’il grandit, les cycles s’allongent : Le cycle du
nourrisson  dure 50 minutes ; son sommeil se compose de plusieurs  petits épisodes, avec une périodicité de 24 heures.

Entre un et trois mois, le rythme de 24h heures s’installe progressivement et le sommeil nocturne est classiquement acquis avant six mois.

Bienheureux parents dont l’enfant « fait ses nuits à 1 mois! Ils équilibrent les statistiques pour les épuisés dont le tout-petit de 18 mois n’a toujours
pas pu dormir 3 heures d’affilée…

En résumé, dormir est vital pour tous les êtres humains, et particulièrement chez l’enfant

  • Il a une fonction de croissance: c’est durant la phase de sommeil profond que l’hormone de croissance agit.
  • Il a également une fonction de récupération: cela permet aux muscles,

au cerveau et au psychisme de récupérer afin d’être à nouveau opérationnel le lendemain.

  • On note aussi une fonction de régulation: endocrinienne et neurologique,
  • une fonction immunitaire: le sommeil agit sur le renforcement
    des défenses immunitaires et donc agit sur la capacité à lutter contre les microbes, les virus et autres infections.
  • Et une fonction métabolique: le sommeil permet en particulier chez le jeune enfantd’assimiler
    et de réguler les stocks énergétiques dus à l’apport alimentaire.

Respecter
ses rythmes selon son âge et ses besoins

Chaque enfant est différent. Il
n’est pas rare que dans une même famille cohabitent de gros

et de petits dormeurs. Comme pour
l’alimentation, un enfant qui grandit normalement

est un enfant qui mange et dort suffisamment.

La durée du sommeil : le 1er mois, le nourrisson se réveille toutes les 4 à 6
heures au rythme des tétées et des changes ; il dort de 16 à 19 heures par jour.

Vers 3 mois, il peut « faire ses
nuits » : à savoir dormir de 20h à 6 heures. Il redort souvent le matin et l’après-midi
jusqu’à concurrence de 14 heures à un an.

Il dort 11 heures vers 3-4 ans, 10 heures à 10
ans, 8 à 9 à l’adolescence.

Si votre enfant n’a vraiment pas
l’air fatigué au moment d’aller au lit, repérez l’heure à laquelle il commence
à montrer des signes de baisse de vigilance (yeux qui piquent, bâillements) et
couchez-le à ce moment-là. Si l’horaire vous semble tardif, couchez-le chaque
soir un quart d’heure plus tôt jusqu’à régulation.

Permettre
à son enfant de bien dormir

Fonction naturelle, le sommeil devrait aller de soi,
or,10 à 20% des consultations de pédiatrie

et de psychologie de l’enfant concernent des troubles du sommeil ;

et ces chiffres ne cessent d’augmenter.14% des enfants se plaignent de difficultés d’endormis-

sèment et 17% des adolescents d’insomnie.

Le coucher  :  un
moment privilégié

Le sommeil d’un enfant se prépare. Comme pour les adultes, privilégiez une chambre

Calme, fraiche (19°), aux couleurs douces et un lit confortable.

Pour les nourrissons, les conseils du pédiatre vous indiqueront la meilleure position

Pour votre bébé : sur le dos, sur le côté, avec un babyphone pour vous rassurer…

Le jeune enfant est trop petit pour percevoir lui-même
les messages de son corps. A vous

de les repérer pour coucher l’enfant avant qu’il ne
tombe comme une souche. En effet, il ne

passe pas comme nous par la phase de l’endormissement
progressif et du sommeil léger

(voir le petit train du sommeil dans le chapitre I).

Certains enfants résistent au sommeil, par crainte du noir et de la séparation,

d’autres parce que cela  semble tellement plus intéressant de rester avec les grands …

ou de surveiller Papa et Maman.  Ils deviennent alors irritables, excités.

Un petit en dette de sommeil devient grognon, somatise, tombe plus fréquemment malade…

Le premier cycle du sommeil de l’enfant est le plus profond. Certains enfants refusent

de s’y abandonner et ont besoin plus que d’autres. D’où l’importance  des incontournables

de rituels du coucher.

Ils servent  de repère à l’enfant,  le rassurent ; il fait le plein de câlins avant la longue séparation

de la nuit. C’est un moment de partage passé ensemble à raconter une histoire, chanter

une berceuse, papoter de mille et une choses. Ce rituel évolue en fonction de l’âge de l’enfant,

mais il reste un temps fort de la journée … sur lequel il ne faut pas s’éterniser au risque

d’empêcher son enfant de pouvoir s’endormir seul.

Apprendre à l’enfant à dormir seul, cela favorise l’autonomie. On peut évidemment l’accueillir

exceptionnellement  pour le réconforter ou faire tous ensemble la grasse matinée du dimanche

matin ; mais n’en faites pas une habitude, cela risque d’entretenir la confusion quant à sa place dans la famille.

Assurez-vous qu’il a tout ce qu’il lui faut pour la nuit : les toilettes, le verre d’eau, le doudou, la tétine, la veilleuse, la

porte ferlée ou entrouverte…. Consignes à transmettre aux personnes

qui gardent votre enfant en votre absence.

Fixer une heure
régulière pour le coucher
.

C’est une bonne habitude qui conditionnera son sommeil d’adolescent. Les

bonnes habitudes se prennent tôt!  Cette régularité l’aidera à ressenti lui-même la sensation de

fatigue et l’envie de dormir.

Une fois couché, il ne doit plus se relever. C’est une règle à fixer et appliquer dès le départ,

sinon tous les prétextes seront bons pour venir vous voir au détriment de sa santé… et de vos nerfs.

Si il  a vraiment du mal à s’endormir, demandez-vous s’il n’a pas dormi trop longtemps ou trop

tard dans la journée (en général, mieux vaut éviter la sieste après 16h).

Il peut « couver » une maladie infantile, être angoissé par un évènement de la journée ou percevoir

votre stress si vous êtes angoissé, triste ou en colère.

Les troubles du sommeil

Les troubles du sommeil font partie du développement normal de l’enfant. Ils sont très fréquents

et inquiètent généralement plus les parent qu’ils ne gênent les enfants eux-mêmes.

Comment réagir lorsqu’un enfant se plaint de cauchemars, de douleurs nocturnes ou de difficultés d’endormissement ?

Voici quelques pistes de réflexion.

Troubles légers :Dédramatisez!

Assurez-vous tout d’abord que votre enfant n’a pas pas de problème de santé ou qu’il n’a pas trop dormi
(déjà cité dans le chapitre précédent).

Il « fait ses dents », couve une maladie infantile, une gastro : En cas de fièvre, de diarrhée ou de vomissements,

il est impératif de consulter son médecin traitant,

d’autant plus que l’enfant est petit.

Ensuite, si votre enfant est à la veille d’une grande acquisition (marche, langage, propreté…),

l’excitation produite par cet apprentissage le tient éveillé ou le réveille.

.

Un bouleversement dans la vie de votre enfant peut être la cause de ses troubles du sommeil :

déménagement, séparation, petite sœur en perspective, entrée à l’école…

Ne négligez pas non plus

votre propre stress : si vos soucis professionnels vous empêchent de dormir, ils peuvent aussi

avoir des effets sur le sommeil de votre enfant.

Il veut dormir dans le lit des parents

Vers deux ans,
l’enfant  rencontre souvent des difficultés à s’endormir et exprime alors son désir de dormir dans le lit de
ses parents. Il n’est plus dans la relation fusionnelle avec sa mère comme
lorsqu’il était bébé.

Tiraillé
entre son besoin d’autonomie, l’angoisse de séparation qui remonte au coucher
et les manifestations œdipiennes, venir se rassurer entre Papa et Maman est
très tentant.

L’enfant
est très curieux de savoir ce qui se passe entre ses parents, envie leur
intimité, et tente une opération « séduction-prise de pouvoir » pour
prendre une place dans le lit conjugal.

La fermeté des deux parents est essentielle. Le lit des adultes représente un frontière entre l’intimité des

parents et le développement autonome de  l’enfant.  Si le problème persiste au-delà de quatre ans,

n’hésitez pas à consulter un psychologue pour vous aider à donner des repères à votre enfants : indispensables

pour qu’il grandisse en toute sécurité et se structure psychologiquement.

Cauchemars et terreurs nocturnes

Les cauchemars, fréquents dans la petite enfance, s’estompent vers 5 ans, reviennent passagèrement

autour de la dixième année, pour disparaître tout à fait par la suite.

Ils surviennent le plus souvent vers la fin de la nuit, au terme d’un cycle de sommeil, durant la phase

de sommeil paradoxal. Parmi les grands classiques, on retrouve les monstres, les petits drames et

chagrins de la journée, les gronderies est les frustrations qui se transforment autant en cauchemars nocturnes.

Ne négligez pas l’impact d’un livre, de l’absorption d’une image violente vue à la télé ou sur l’ordinateur :

le jeune enfant ne fait pas la différence entre la fiction et la réalité. Son système psychoaffectif n’a pas la

maturité pour se protéger de cette violence qui le prend de plein fouet.

Le mieux à faire lorsque enfant se réveille en proie à un cauchemar est de l’apaiser,  le consoler et  l’écouter.

La plupart du temps,  une fois rassuré, il se rendort sans problème.

Les terreurs nocturnes

Elles surviennent entre 2 et 5 ans,

le plus souvent durant les premières heures de la nuit, lors du sommeil profond.

L’enfant est debout dans son lit, il hurle, semble terrorisé et ne vous reconnait pas.

En fait il dort… debout. Ne le réveillez pas et rassurez-vous, la plupart du temps,
quelques minute après, l’enfant se calme seul et se rendort paisiblement. Il assimile les nombreuses
expériences et les informations de la journée. Son système nerveux est en pleine ébullition.

Troubles anormaux : consultez un spécialiste

Si ces terreurs persistent, n’hésitez pas à consulter un spécialiste, médecin, pédiatre ou psychologue.

Les problèmes physiques liés au sommeil (maux de tête…) peuvent être considérés comme

anormaux. D’autant plus s’ils ont des répercussions sur la journée et sur la santé de l’enfant

et l’équilibre de la famille.

Entre 8 et 12 ans,

les troubles du sommeil peuvent avoir plusieurs origines :

  • Vous avez été trop laxiste ou trop strict quand il était petit. Rectifiez le tir avec douceur et fermeté.
  • Il reste accroché aux jeux
    vidéo en fin de journée, ce qui provoque une certaine excitation et l’empêche de dormir. Mettez des limites!
  • Il est anxieux à cause des performances scolaires. Il est
    perfectionniste et se culpabilise de ne pas faire mieux. Rassurez-le et
    aidez-le. Il n’y a pas que le travail scolaire dans la vie. Inscrivez- le à une activité sportive ou artistique de son choix.
  • Le sommeil est un problème
    récurrent dans la famille…. voir chapitre 1 sur le sommeil des adultes.
  • Il se passe quelque chose de préoccupant dans sa vie :
    deuil, déménagement, conflits familiaux, harcèlement (9% des collégiens se
    disent victimes de harcèlement : enquête A.P.H.E.E  11.09). Ecoutez-le, enquêtez et faites-vous
    aider par un spécialiste si la situation est préoccupante pour vous et votre
    enfant.

Le sommeil des adolescents

« Heureux
l’étudiant qui comme la rivière, arrive à suivre son cours sans quitter son lit ».

Anonyme

Entre 13 et 18 ans, le besoin de sommeil passe à 9h30 en moyenne. S’ils ont déjà leur taille adulte, les jeunes n’ont pas pour

autant le même sommeil que leurs ainés. Car Il en faut du sommeil pour digérer toutes les
transformations physiologiques et psychologique de cet âge charnière!

Les phases d’enthousiasme et de dépenses énergétiques alternent avec les « coups de pompe » et les déprimes.

Le coucher tardif des ados, associé au lever précoce exigé par la vie scolaire,
entraine une privation importance de ce temps de récupération indispensable.

Le manque de sommeil a des conséquences graves sur leur santé et leur comportement
: fatigue chronique, irritabilité, instabilité psychomotrice, difficulté s de
concentration, prise de risques inconsidérés.

La somnolence excessive diurne toucherait un adolescent sur deux. La privation chronique de sommeil occasionne
des troubles de l’attention et du contrôle des émotions particulièrement
délicate à cet âge.

17% des adolescents
se plaignent d’insomnie. Pour autant, ils ne sont pas prêts à renoncer aux « chats »
et autres jeux en ligne jusque tard le soir. Le multimédia pratiqué à haute
dose prend une large part dans le raccourcissement des nuits et l’excitabilité
nerveuse des jeunes. Aux parents de mettre le holà et de limiter cette
pratique.

Comme chez les plus jeunes, des troubles persistants, une pâleur
excessive, la perte ou la prise de poids importante, des vertiges, des
migraines, des douleurs diffuses feront impérativement l’objet d’un contrôle
médical. Si l’origine est psychosomatique, votre médecin vous orientera vers un
pédopsychiatre ou un psychologue spécialisé dans l’adolescence.

Deux documents à
télécharger :

Échelle de Somnol-enfance-smg

Agenda
Veille-Sommeil et Instructions pour l’observation des rythmes de vie.

Guide pratique pour les jeunes : « Apprendre à gérer son sommeil pour éviter insomnies et fatigue ». Réalisé par le site reussirmavie.net, ce livre-guide traite particulièrement des difficultés de sommeil entre 15-25 ans : désordres des rythmes, mauvaise hygiène de vie, stress.
Cinq parties sur :  les mécanismes du sommeil (fonctions, organisation, besoins), les amis et les ennemis du sommeil (sport, environnement, alcool, cannabis..). Des tests de connaissance de soi pour découvrir sa typologie (« Quel dormeur êtes-vous ?) » et adapter ses rythmes, une partie sur les difficultés pour gérer sommeil et études, les nuits blanches et les addictions aux nouvelles technologies. Enfin, des questions-réponses sur des difficultés de sommeil précises.   (44 pages, 3,80 euros).

Patricia Serin, aout 2011

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