VSCD

VSCD : les vécus subjectifs de contact avec un défunt

VSCD : derrière cet acronyme se cache une des plus mystérieuses expériences vécues par des millions de personnes.

« Vécu Subjectif de Contact avec les Défunts ». C’est dans les années 2000 que la chercheuse Suisse Evelyn Elsaesser-Valarino a inventé cette expression suite à une vaste étude de ces phénomènes. Auparavant, elle s’était passionnée pour le phénomène EMI ou NDE (expérience de mort imminente). Elle est l’auteure du livre ‘’Quand les défunts viennent à nous’’ qui revient sur un débat vieux comme l’humanité concernant la possibilité d’un contact entre les vivants et les morts. Le VSCD est une expérience qui se produit par contact direct et spontané entre défunt et la personne en deuil sans intermédiaire. Elle donne au sujet une impression de contact ou de présence alors qu’elle est dans un moment de « vacance » de l’esprit.

Il n’est pas rare durant le deuil de ressentir une présence ou de percevoir des signes qui paraissent être bien plus qu’une simple coïncidence. Par crainte de ne pas être compris, les personnes endeuillées n’osent pas toujours parler de ces phénomènes sensoriels avec l’entourage. Or, le silence provoqué par ces non-dits peut accentuer des frustrations que quelques mots seulement suffiraient à estomper. Car ces ressentis de manifestation de perdurance de la présence des défunts est un sentiment partagé par de nombreux endeuillés. Ils sont plus courants durant les premiers temps, lorsque le manque physique de la présence se fait plus que jamais ressentir et que l’on n’a pas encore totalement intégré la réalité de la perte. Particulièrement au cours des premiers mois, mais rarement au-delà des deux premières années, même s’ils peuvent aussi se produire plus tard au cours du deuil. Quand l’extraordinaire s’immisce dans le processus de deuil.

Article de 2011 sur le site psy en mouvement.

Depuis plusieurs années, le psychiatre Christophe FAURÉ se consacre à l’accompagnement des personnes en fin de vie et des personnes en deuil. Il a découvert que des expériences inattendues, comme celles de contact avec des proches décédés, pouvaient s’immiscer dans notre processus de deuil.

Comment décrypter ces expériences extraordinaires associées au deuil ?

« Voilà 17 ans que je me consacre, en tant que psychiatre, à l’accompagnement des personnes en fin de vie et des personnes en deuil – notamment après un décès traumatique comme le suicide Au fil des années, je constate que des expériences « étranges » émaillent parfois le récit de certaines personnes en deuil, sans que je puisse en comprendre le sens. Alors qu’elles prennent d’infinies précautions pour m’affirmer combien elles s’estiment rationnelles et cartésiennes, des personnes en fin de vie ou en deuil n’en rapportent pas moins des expériences qui échappent à leur compréhension : elles déclarent avoir eu un « contact » avec une personne proche récemment décédée. La plupart font part d’une expérience de « présence indéniable » de la personne disparue les « enveloppant » d’un amour ou d’une sérénité en rupture complète avec la douleur de la perte dans laquelle elles étaient plongées à ce moment-là. Plus rarement, un certain nombre de personnes parlent d’un contact visuel (voir devant eux la personne disparue), d’un contact tactile (sentir un contact physique immédiatement attribué à la personne disparue) et/ou d’un contact auditif (entendre distinctement la voix de cette personne). L’expérience laisse une empreinte sereine et durable chez la personne qui la vit. …. (Ces récits) comportent des caractéristiques relativement constantes que des études plus poussées devraient préciser.

Par exemple : ces expériences sont toujours spontanées (ce qui exclue les « contacts » via un médium ou toute autre forme de recherche volontaire de communication avec un défunt) ; elles surviennent le plus souvent dans les premiers jours ou les premières semaines après le décès et toujours de façon inopinée, au cours de la journée, dans des circonstances où il n’y a pas de modification de la conscience ; elles sont d’autre part très brèves (de l’ordre de quelques secondes à quelques minutes), très souvent uniques (ou se reproduisant seulement deux à trois fois) et n’entraînent que très rarement le désir de les reproduire, en consultant un médium par exemple. L’expérience, aussi ponctuelle et furtive soit-elle, semble se suffire à elle-même. Enfin, l’expérience a souvent (mais pas toujours) un impact positif sur le vécu du deuil. »

Pour le psychiatre, cette dénomination est appropriée car elle souligne la dimension subjective de l’expérience, sans affirmer, ni infirmer qu’il s’agisse d’un contact effectif avec un défunt. Les hypothèses pour expliquer ces expériences sont multiples et toutes sont valides, jusqu’à preuve du contraire.

https://www.inrees.com/articles/histoires-vscd-entretiens-scientifiques

Fort de ces témoignages confiés par ces patients, le Dr Fauré s’est tourné vers l’INREES (Institut de Recherche en Expériences Extraordinaires) dont le sérieux se conjugue en 2 mots : ouverture d’esprit et rigueur scientifique. L’exigence de cet Institut réside dans le décryptage des expériences extraordinaires. L’INREES a d’ailleurs créé un Réseau de professionnels de santé qui collecte depuis 10 ans des milliers de témoignages parmi les millions recueillis à ce jour dans le monde entier attestant de la réalité de ces expériences sans pour autant apporter de réponses définitives sur leurs causes. Les témoins parlent « d’intime conviction » même si un doute rationnel persiste. Car nos sociétés matérialistes ne sont pas préparées à accepter ce genre de contact. Souvent, ils ont peur du ridicule, de ne pas être crus ou même d’entendre des réflexions du type : « la douleur te fait délirer ». Pourtant, d’après les travaux d’Evelyne Elsaesser-Valarino et de scientifiques américains *, il y aurait entre 25 % et 50% de personnes endeuillées qui auraient fait une expérience de VSCD. Je rappelle que cela se produit généralement dans les jours ou les mois qui suivent le décès. Rarement après 2 ans, sauf exception (nous en reparlerons).

Un deuil, ce n’est pas juste une personne qui meurt, c’est une situation familiale, des repères, un quotidien …. tout s’arrête. Cette expérience intime et spontanée de VSCD donne à l’endeuillé la certitude qu’il vient d’être en contact avec le proche disparu ; que la vie continue quelque part. Même si elle n’efface pas la douleur, elle apaise le chagrin car le sentiment de perte totale et définitive s’évanouit. Le réconfort est immédiat ; c’est vécu comme un cadeau. Exemples de VSCD : le parfum de la personne disparue ou l’odeur de sa marque de cigarette préférée. Le téléphone qui sonne et lorsque l’on décroche, on entend distinctement le défunt nous parler. On est réveillé en pleine nuit par un rêve ou même l’apparition d’une personne qui vient nous dire au revoir. On apprend le lendemain qu’elle est décédée à l’heure précise ou cela nous a réveillé…. Cependant, ces VSCD ne viennent pas sur commande, par la volonté. D’ailleurs, ce n’est pas obligatoirement corrélé à la qualité d’amour entre le vivant et le mort, au grand désespoir de certaines personnes qui demandent désespérément un signe. Ce dernier survient surtout lorsque l’esprit est disponible : être dans le vague, occupé à une tâche ménagère quelconque, lors d’une *promenade dans la nature et bien sûr, lors de rêves. Certaines personnes ont recours à l’écriture automatique, à la TCI (Trans-communication instrumentale).

D’autres vivent cette expérience lors d’une thérapie EMDR, plus particulièrement la CIAM* lors d’un retraitement de la douleur. Personnellement, j’ai accompagné plusieurs personnes ayant reçu un VSCD avec cette méthode sans que cela soit recherché. Je pars du principe que si le défunt a envie / ou peut venir, il le fera. CIAM : Communication induite après la *mort, méthode basée sur la méthode EMDR créée par Allan Botkin, Enfin, VSCD ou pas, le recours à un médium sérieux confirmera la survie du proche après la mort. Il est à noter que le lien d’amour est indissociable du VSCD ; je précise que cela peut exister tant pour les personnes qui vivent l’expérience que pour les interlocuteurs. En effet, des personnels de santé en EHPAD, en soins palliatifs, en accompagnement d’une personne endeuillée peuvent ressentir ces contacts.

*Bill et Judith Guggenheim ont fait une classification à partir de 3300 témoignages dans les années 80 aux USA.

*Cela concerne des VSCD perçus par les 4 sens : vue, ouïe, odorat, toucher (geste familier du Défunt), comme de mettre sa main sur le bras d’une certaine façon). La perception se fait en interne ou en externe (par exemple, une voix dans la tête ou à l’oreille). Les signes que l’on peut appeler VSCD symboliques sont plus subjectifs : cela peut être la chanson préférée du défunt alors que l’on se rend en voiture au cimetière ; un papillon qui vient sur notre main et y reste quelques instants, un oiseau entré chez soi et posé sur le fauteuil de notre proche disparu… Quoiqu’il en soit, ce signe réconforte et change la conception de la mort. Après un deuil, nous vivons tous des phases qui s’enchainent jusqu’à intérioriser « ce lien qui ne meurt jamais » dixit Lytta Basset qui a perdu son fils et fait un long travail pour apaiser sa colère et son chagrin.

Voir mes articles « faire son deuil », chapitre 1 et 2 www.serin-patricia.com/archives/380 www.serin-patricia.com/archives/482 et « survivre à l’absence » : www.serin-patricia.com/archives/1210

Il existe également des VSCD à l’approche de la mort : peu de temps avant le décès, une personne âgée ou malade assure voir venir un proche décédé, parfois disparu depuis très longtemps. S’ensuit parfois devant l’incrédulité de tiers en présence une discussion « animée » entre une personne vivante et une autre totalement invisible. On peut supposer que la personne en fin de vie est simultanément dans la dimension des vivants, et dans celle des morts ; elle regarde d’ailleurs parfois avec insistance un coin de la pièce ou le plafond ; fixant quelque chose qu’elle est la seule à voir. Cette expérience a le pouvoir de la réconforter et de l’aider à franchir le pas apaisé et sans peur. Il existe également des VSCD de « protection » : un proche décédé intervient alors que le vivant est en grand danger. Par exemple, on entend une voix qui nous donne l’ordre de ralentir alors que quelques centaines de mètres plus loin, on tombe sur un  carambolage . On sent « une main » qui nous pousse sur le côté : un deux roues passe à toute allure et nous aurait renversé sans ce geste providentiel.

Les VSCD sont souvent confondues avec les hallucinations par des personnes profanes. Une des différences principales est qu’un VSCD est furtif ; il apporte la paix, le réconfort et la consolation. En revanche, une hallucination n’est pas bénéfique et ne met pas en scène un proche décédé.

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Voici une liste d’hallucinations différentes des VSCD :

– Un caisson d’isolation sensorielle

– La prise de substances hallucinogènes ou de certains médicaments comme la morphine

– Des atteintes neurologiques. La suspicion de tumeur : cela s’associe à la douleur, à la perte de certaines capacités (visions etc.).

– Des démences, séniles ou non.

– Des psychoses, notamment la schizophrénie à coloration paranoïde. Une hallucination se produit dans un contexte d’anomalie mentale ou physiologique, ce qui n’est pas le cas d’une personne qui est « juste » endeuillée.

Pour conclure, une personne ayant vécu un VSCD est toujours réconfortée et est persuadée que c’est un signe de son proche disparu. Même les gens très cartésiens à qui c’est arrivé reconnaissent l’expérience. Elles expliquent que c’est « l’état dans lequel cela les met » qui valide l’expérience et permet d’identifier le défunt. De la douleur à l’apaisement et à l’éveil vers la spiritualité, le cheminement est en route.

 

« Vivre le deuil au jour le jour » et « Après le suicide d’un proche » Christophe Fauré (Editions Albin Michel)

« La Vie après la Vie » Dr Moody

« Quand les défunts viennent à nous » Evelyn Elsaesser Editions Exergue

« Après » de Stéphane Allix https://www.inrees.com/articles/histoires-vscd-entretiens-scientifiques/

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