parent pervers narcissique

L’enfant et la perversion narcissique – conseils et aide au victimes

Cet article est le 3 ème de la série sur les pervers narcissiques (PN).

Le premier volet était une analyse de la personnalité narcissique, le 2 ème volet parlait des « victimes » de PN et le présent article est la suite de l’histoire de Chloé et, à travers elle, quels conseils donner aux parents.

http://www.serin-patricia.com/archives/2798 et http://www.serin-patricia.com/archives/2860

Rappelez-vous : le PN, c’est Janus personnifié : un côté affable, protecteur, brillant, beau-parleur; et un autre côté démoniaque, manipulateur, abuseur.

Pour survivre, ces personnalités toxiques vampirisent leurs victimes et projettent sur elles les parts d’elles-mêmes qu’elles ne supportent pas. Elles sont incapables de se remettre en question, au risque de s’anéantir.

Pour survivre, ces pervers toxiques vampirisent leurs victimes et projettent sur elles les parts d’eux-mêmes qu’ils ne supportent pas. Ils sont incapables de se remettre en question, au risque de s’anéantir.

La personne en carence narcissique prête à s’oublier pour être assurée de l’attention d’autrui est une cible idéale. La rencontre entre cette personnalité abandonnique avec le PN « matche ». Le PN a su, avec son instinct de prédateur affuté, lui dire tout ce qu’elle avait tant besoin d’entendre.

Il est entré dans son désir comme une main dans un gant fait pour elle. Il a comblé sa béance narcissique. C’est Cendrillon rencontrant son Prince charmant ! Séducteur accompli, il a très vite enfermé sa victime dans un piège dont elle peinera à sortir, car leurs souffrances sont à la fois communes et complémentaires.

Imaginez une photo avec son négatif : la 1ère vérité, il lui a dit ce qu’elle avait besoin d’entendre,

Imaginez une photo avec son négatif : Première vérité, il lui a dit ce qu’elle avait besoin d’entendre, puis, la seconde gravée dans son inconscient (le négatif), qu’elle est nulle et mérite de continuer à être abandonnée et/ou maltraitée. Il y en a un qui veut absolument être bon et l’autre qui veut absolument que vous soyez mauvais. La victime ne s’en sortira qu’avec la révélation de ce ce qu’elle est vraiment ; un long chemin de retrouvailles et d’amour pour elle-même.

Chloé, épaulée par son amie Carine, vient enfin d’obtenir la notification de son divorce sur le livret de famille. 3 ans de procédures, de coups bas, d’intimidations et de chantages pour cette petite phrase sur ce document qui n’a plus de sens pour elle. « Qu’est-ce qu’une famille maintenant pour mes 2 filles ». Pourquoi ai-je échoué à la maintenir entière ? Que dire aux enfants … comment les protéger …. Comment vont-elles grandir avec 2 parents séparés dont l’un ne cesse d’attaquer l’autre ?

Les rencontres mensuelles avec ce groupe de parents séparés, animés par une psychologue spécialisée lui font beaucoup de bien. Chloé renoue avec les échanges bienveillants, le respect, l’accueil sans jugement de la parole de l’autre et surtout, elle recueille de nombreux conseils pour l’aider à accompagner ses filles. Chacun parle de son expérience, de ses écueils et de ses réussites. La spécialiste donne des éléments fondamentaux sur la psychologie de l’enfant suivant l’âge et la personnalité.

Les petites ont aujourd’hui respectivement 5 et 10 ans. Julia la plus jeune n’a aucun souvenir de ses parents ensemble. Chloé la trouve beaucoup plus agitée et opposante que ne l’était l’ainée au même âge. Cette dernière, Manon, a toujours revendiqué son indépendance, tout en étant sensible et à l’écoute des autres. Elle a pris de plein fouet la bataille rangée menée par son père contre sa mère. Déchirée par le besoin de loyauté et son amour pour chacun de ses parents, elle a cependant progressivement réalisé que son père mentait et la menaçait pour lui soutirer des informations au sujet de sa mère. Tout ceci l’a fait grandir un peu trop vite. Elle trouve heureusement refuge chez ses grands parents maternels qui se sont toujours montrés très dignes et n’ont jamais critiqué ses parents. Elle fait également du théâtre avec l’école et exprime ainsi de nombreuses tensions refoulées.

Quant à Julia, Chloé ose enfin poser cette question qui la taraude lors de la rencontre mensuelle d’aujourd’hui : « Est-ce que les enfants peuvent être des pervers narcissiques ». Alors qu’elle se sent déjà coupable d’avoir osé poser une question pareille, la réaction de la psychologue et d’autres parents la soulage rapidement. Elle commence par donner des éléments sur l’éducation et le développement de l’enfant avant de répondre sur ce point délicat de l’enfant PN.

Un enfant n’est pas, à priori, un pervers narcissique, répond la spécialiste. Cependant, il peut « hériter » de cette faille par mimétisme, bagage transgénérationnel ou génétique (aucune preuve scientifique ne valide cette dernière hypothèse). Ceci peut être renforcé par la façon dont *cet enfant a été conçu, la place qu’il a dans la famille, le comportement de son entourage et sans doute d’autres facteurs propres à chaque famille.

Tous les enfants manipulent sans pour autant être des pervers narcissiques. Ils ont très vite compris qu’un sourire enjôleur leur donne des avantages qu’une bouderie n’apporte pas.

La congruence (accord entre ce que l’on dit et ce que l’on fait/est), la bienveillance, l’ouverture d’esprit, la patience, la fermeté et des limites posées tendrement mais fermement, sont des prérequis indispensables pour élever un enfant. Le parent sain face à un parent PN représente une sécurité, un cadre protecteur et porteur pour l’enfant qui sent un amour indéfectible et rassurant. Le parent protecteur offre à son enfant cette sécurité indispensable face aux comportements irrationnels et destructeurs du parent PN.

Même si l’on n’a son enfant qu’un week-end sur 2 et qu’on le retrouve à chaque fois en miettes, agressif ou replié sur lui-même, on peut lui apprendre les notions de respect, d’intégrité, de limites, la différence entre le bien et le mal ; la joie de vivre et la légèreté. Et ceci à tous les âges.

*En offrant à votre enfant l’amour véritable, les valeurs et l’exemplarité, vous lui permettez de développer son potentiel. Lorsque les parents vivent encore sous le même toit, l’enfant comprend très vite que le parent sain est bien plus agréable et détendu lorsque le PN est absent. Le climat est léger ; plus de chantage, d’emprise et d’ambiance sinistre …. L’enfant peut alors intérioriser ce moment réconfortant. Dans son monde intérieur, il s’appuie sur la sécurité et le réconfort que lui a apporté le parent sain.

L’enfant est une proie de choix car il est fragile et malléable, avec sa confiance illimitée et sa soif d’amour et de reconnaissance.

Pour ces femmes et ces hommes qui ont supporté l’emprise et la perversion, le plus douloureux est de devoir laisser les enfants à cet autre identifié maintenant comme dangereux. Certains ont hésité à se séparer car ils ne se résignaient pas à laisser leurs enfants seuls face à celui (celle) qu’ils qualifient de psychopathe.

Comme ils l’ont fait pour leur ex-conjoint, les PN exercent très souvent des pressions sur leurs enfants. Ils les instrumentalisent pour continuer à vampiriser leur ex et à tenter de le/la détruire.

Car, je vous rappelle qu’un PN ne renonce jamais, même s’il a jeté son dévolu sur quelqu’un d’autre, il déteste perdre et a la rancune tenace.

Malheureusement, les enfants ne sont alors que des pions qu’il manipule pour atteindre l’autre.

Le PN nie toute individualité de son enfant. Lors de cas extrêmes, il peut y avoir un climat incestuel ; la mère refuse que son enfant soit « vraiment né » : l’enfant reste sous emprise, dans l’impossibilité de développer sa propre personnalité. Les frontières sont floues : salle de bain et chambres ouvertes ; l’enfant dort avec son parent (parfois jusqu’à l’adolescence) ; on interdit à l’enfant d’avoir de vrais amis ; tout est toujours « limite », confus, la violence est souvent sourde et l’atmosphère pesante. Le parent PN culpabilise et instrumentalise son enfant.

Le PN ne respecte pas l’intimité de l’enfant : il rentre dans sa chambre sans frapper, fouille dans ses affaires chez les plus grands ; il peut avoir des propos déplacés sur sa fille ou jaloux envers son fils (ou le contraire). Le respect du territoire étant directement lié à son fantasme de toute puissance.

*Il nie le territoire générationnel en laissant à sa propre mère, perverse elle aussi, l’éducation des enfants. Ou encore imposer aux enfants d’appeler maman (ou papa) la nouvelle conquête. …il prend le contrôle sur l’enfant d’autant plus facilement que celui-ci est petit.

C’est chez le parent sain que l’enfant trouve ce dont il a vitalement besoin pour se développer : l’humour, le jeu, la simplicité, la bienveillance, la cohérence et ce mélange de souplesse et de fermeté structurantes.

Il s’agira alors pour le parent sain d’aider son enfant à trouver son autonomie, à défendre son territoire, à le valoriser et l’encourager à définir ses choix, ses besoins, ses envies. L’enfant peut aimer ce parent défaillant malgré ses travers. Au mieux, il comprendra que ce parent toxique est en fait en grande souffrance et qu’il fait porter son mal-être à ses proches. Il choisira alors de maintenir une distance protectrice au prix parfois de la rupture inévitable. Il devra faire le deuil d’être vraiment aimé pour qui il est et devra accepter que son parent soit incapable de reconnaitre sa négativité.

Pour revenir au thème de « l’enfant PN » : oui, il existe des enfants à risque. Que l’on retienne l’hypothèse d’une origine génétique, d’une charge transgénérationnelle et/ou d’un modèle familial, un enfant peut s’identifier à l’agresseur. La façon dont on élève un enfant est déterminante. Si on le traite comme un petit roi à qui l’on passe tous ses caprices ; si l’on rit à ses bêtises sans jamais lui donner de limites, on ne lui donne pas les notions de bien et de mal.

Rappelons qu’un véritable psychopathe ne sait pas faire la différence entre le bien et le mal. Il sait que tel acte est interdit mais il ne « sent pas » que c’est mal. Il est incapable de se mettre à la place de l’autre qui est considéré comme un objet.

Un futur PN a ressenti une vive douleur dans son enfance. Souffrance qu’il n’a jamais pu soulager. Il s’est coupé de ses émotions. Il a ce point commun avec ses victimes d’être, au départ, hypersensible.

Il existe souvent une place vacante au niveau de l’autorité et l’enfant prend cette place ; parfois même, on la lui donne : cas malheureusement typique d’un père absent et d’une mère qui fait couple avec son fils ; ou d’un père dominateur et castrateur de son enfant que la mère tente de protéger. Quelle que soit la configuration familiale, on retrouve à la base un enfant sensible ne supportant pas les émotions et réduit à les anesthésier. Au début, c’est un mécanisme de défense ; l’enfant est malheureux. Puis, il décide de se mettre à distance de ses émotions et de ne plus se laisser manipuler. Cela lui donne un pouvoir, le refoulement est massif, la structure PN se met en place. Il conservera une immaturité l’empêchant de gérer les frustrations. Il a envié la position d’autorité d’un parent et reste bloqué à un stade du petit qui veut tout, tout de suite.

Avec ces enfants-là, il est essentiel de rester ferme et cohérent. De ne pas céder aux caprices ni au chantage. Bonté et amour n’égalent pas faiblesse et permissivité. Il s’agit d’incarner ses valeurs et de se respecter soi-même.

L’affaire se corse avec l’adolescence. On demande souvent au jeune avec qui il préfère vivre et cela ouvre la porte à toutes sortes de comportements destructeurs de la part du parent PN et du jeune lui-même si il a malheureusement pris ce chemin psychopathique.

« Très souvent la résolution judiciaire exacerbe le conflit plus qu’il l’apaise. Il fait un gagnant et un perdant, mais il peut faire une victime : l’enfant. Et en réalité, le « gagnant » est probablement aussi un perdant. » (Marc Juston, JAF au TGI de Tarascon).

La psychologue explique ensuite ce qu’est l’aliénation parentale ainsi que l’instrumentalisation des enfants.

« Derrière le terme d’aliénation parentale (introduit par Richard A. Gardner dans les années 1980) se trouve le fait qu’un enfant prenne une part active au dénigrement, la disqualification, l’exclusion ou le bannissement d’un parent (le parent ciblé), et ce sous l’influence de l’autre parent (le parent aliénant).

Pour que l’on puisse parler d’aliénation parentale, il faut que l’un des parents influence son enfant dans le but d’exclure l’autre parent de manière injustifiée et que cela entraîne une détérioration, voir une rupture de la relation entre l’enfant et le parent ciblé.

L’aliénation parentale agit comme une reprogrammation, un « lavage de cerveau » que subit l’enfant et cela va l’amener à se comporter d’une manière particulière. »

Le premier danger réside dans l’instrumentalisation et l’intoxication de l’enfant par l’un de ses parents, voire les deux. C’est le risque de l’enfant otage du divorce de ses parents, l’enfant pouvant être utilisé comme une arme entre les mains de l’un contre l’autre de ses parents.

Dans le groupe de paroles, chacun y va de son commentaire expliquant comment son enfant le rejette, l’insulte, parfois même le vole ou le frappe. Il n’existe pas de remède miracle, répond la psychologue, mais il ne faut surtout pas renchérir. Il est impératif de se protéger, de signifier à son enfant que vous n’aimez pas ce qu’il fait mais que vous lui conservez tout votre amour. Cela le soulage de son conflit de loyauté et de sa culpabilité.

*Le fait de pouvoir témoigner de ces scènes terribles et d’être cru, donne de la force aux participants pour supporter ces scènes sans empirer la situation.

« Le syndrome de Médée ou le cœur des enfants en sacrifice » (…).

« Le syndrome de Médée est une modalité de harcèlement mise en œuvre par un parent voulant priver son/sa conjoint/e de la relation avec ses enfants et apparaissant à l’occasion d’une rupture conjugale ». «Il s’agit en somme d’une forme organisée de maltraitance qui porte sur une dimension vitale de la vie affective et se traduit par des effets psycho traumatiques très importants.» (Antonio Andreoli – Service de psychiatrie HUG – Rev Med Suisse )

Pour conclure, la meilleure façon d’aider ses enfants est d’être authentique. D’être sincère, cohérent vis-à vis de ses propres besoins, de ses convictions et de ses limites. Les enfants détestent l’injustice et ils repèrent rapidement le mensonge et la manipulation. Tôt ou tard, si l’adulte sain reste droit et vrai pour eux, ils savent à quelle personne s’adresser pour sentir l’amour et la force, véritables et solides.

« Ta blessure est le lieu depuis lequel la lumière va te pénétrer ». Poète soufi Rumi

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