Cadeau : de la magie de Noël à l’acte symbolique
Aucune attention n’est neutre. Elle engage non seulement celui qui donne mais aussi celui qui reçoit. A la veille des fêtes de fin d’année, la question des cadeaux se pose à tout un chacun : Plaisir, obligation, inquiétude … Au-delà de l’aspect commercial, de la magie de ces moments avec les enfants, et de l’aspect sacré de ce temps de Noël, un cadeau n’est jamais anodin.
Le « don gratuit », sans attente de remerciement, est réservé au Père Noël dans le cœur des petits.
Dans toute société, faire un cadeau est toujours un acte symbolique, contribuant à l’établissement ou à l’entretien du lien entre les communautés : familles, amis, entreprises, pays…
Dans nos sociétés marchandes, qui dit cadeau dit argent ; et qui dit argent dit pouvoir.
La psychanalyse nous donne un éclairage sur l’origine du don avec « le stade anal ». L’Ecole Freudienne parle d’une période qui se situe entre l’âge de 2 et celui de 4-5 ans. Ce stade vient juste après le stade oral. Au cours de ce stade décrit par Freud, de nombreuses sensations très agréables vont organiser l’évolution de l’enfant : plaisir de se retenir, de faire où et quand le parent le souhaite (donner satisfaction) ou au contraire de se laisser aller et faire comme on veut (garder un pouvoir). Le stade dit sadique-anal correspond à cette période où l’enfant entre en opposition avec ses parents et commence à forger sa personnalité.
Chez l’adulte, l’apport de la psychanalyse vise à nous révéler qu’on ne maîtrise pas toujours la motivation du cadeau et du don. Alors que l’on s’imagine être dans le désintéressement total ou maîtrisant la part d’intérêt et de gratuité de son acte, on ne peut jamais savoir s’il n’y a pas derrière une recherche inconsciente de gratification ou de pouvoir, de besoin de soumission ou d’instrumentalisation.
Au-delà du cadeau : le bénévolat et l’engagement associatif
Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes et d’actifs se sentent investis d’une mission de solidarité. Les uns choisissent le bénévolat par conviction religieuse, pour donner une nouvelle dimension à sa vie, pour être actif là où on l’a choisit, par altruisme, et pour trouver des contacts plus authentiques.
Il m’arrive d’évoquer les vertus de l’engagement associatif devant des patients. La démarche permet aux gens qui souffrent d’isolement de se socialiser en découvrant le besoin ou le plaisir d’échanger avec les autres. Ce peut être une manière de créer de nouveaux liens affectifs. Par nature désintéressée, l’activité associative introduit aussi une dimension d’altruisme dans une société où l’argent est omniprésent. Enfin, l’association apporte une forme de reconnaissance extérieure. On se rend utile, on valorise ses compétences. Cette dimension a tendance à s’atténuer depuis que les grandes associations ont professionnalisé leurs équipes, mais elle demeure vivace. L’intérêt réside aussi dans le fait de découvrir ou conserver un pied dans un secteur d’activité : Il existe d’ailleurs maintenant des diplômes qui valident ces expériences (VAE : validation des acquis par l’expérience). Attention toutefois à ne pas trop espérer : si on n’arrive pas à dépasser ses propres problèmes, on risque de se retrouver à nouveau dans un processus d’échec.
Luis Spinoza, psychanalyste, à « La Porte Ouverte » : « Tout se joue autour de la réparation de son histoire personnelle : une culpabilité ancienne, une dette à acquitter, un manque à combler. Ces motivations ne sont pas un obstacle, à condition d’être au clair avec soi-même et de garder à l’esprit qu’on n’est pas là pour soi mais pour l’autre ».
La plupart d’entre nous donnons ou avons déjà donné du temps, des compétences, de l’énergie, à une cause qui leur tenait à coeur : De l’humanitaire au milieu associatif, le sport, la culture, les fêtes et l’entraide transgénérationnelle, chacun s’est retrouvé un jour au coeur du don.
Extrait de la charte de l’association Laurette Fugain : (exemplaire pour définir le bénévolat)
Etre bénévole, c’est s’engager en-dehors de son cadre habituel de travail, pour la défense d’une cause et s’y investir en y apportant son temps, son expérience et ses compétences, sans chercher de contrepartie financière ni à satisfaire une quelconque ambition personnelle. C’est également partager les valeurs et les idéaux de l’association et en respecter les règles de fonctionnement.
Dans un prochain article, j’aborderai le don sous l’angle de la psychogénéalogie : Balance des comptes, dettes et loyautés familiales.
En attendant, je souhaite à tous de très belles fêtes de fin d’année 2010.
Paticia Serin, décembre 2010
Bibliographie
« Les cadeaux, à quel prix » Cahier d’ethnologie n°4, 1998. Anne Monjaret et Sophie Chevalier
« Dossier familial » de décembre 2010, dossier spécial associations loi 1901.
« Pouvoir et relation d’aide » d’Adolf Guggenbùhl-Craig. Ed. Pierre Mardaga, 1985.
« Résumés des travaux scientifiques de Sigmund Freud, privatdocent » (1987), trad. Coll.in Œuvres complètes, III, Paris, PUF, 1989.
« La psychanalyse de Freud à aujourd’hui » pour un éclairage sur les travaux de Karl Abraham. Ed. Bréal 2007. Auteur, Dominique Bourdin
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