LA PSYCHOGENEALOGIE
La psychogénéalogie est basée sur différents concepts de psychanalyse dont celui d’inconscient collectif développé au début du 20e siècle par le disciple de Sigmund Freud, Carl Gustav Jung. En 1913, dans Totem et tabou, Freud écrit « Nous postulons l’existence d’une âme collective (…) [et la possibilité qu’] un sentiment se transmettrait de génération en génération se rattachant à une faute (dont) les hommes n’ont plus conscience et le moindre souvenir. » évoquant ainsi la possibilité d’une transmission par un inconscient reliant les membres d’une même famille.
PourJung, l’inconscient collectif est l’ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts fondamentaux de l’Homme. Il se manifeste sous forme d’archétypes, c’est-à-dire d’images anciennes, que l’on retrouve dans, les mythes et légendes, comme le dragon ou le paradis perdu, et qui seraient communes à toute l’humanité. Ces archétypes se manifesteraient dans les rêves, les délires, les expériences « extraordinaires » et toutes les formes d’art. C.G.Jung (1875-1961) Il développe l’idée qu’un enfant peut souffrir de tout ce qui est resté dans l’ombre dans l’inconscient parental : ces « arrière-plans secrets » que l’adulte masque et refoule. Jung parle même de « contagion psychique », de « folie à deux » –ou davantage- et de « participation mystique » pour expliquer ce qui lie l’enfant à l’inconscient parental. [Jung développe cette idée en 1924 dans son ouvrage « Psychologie et éducation »]
Il distingue plusieurs strates dans l’inconscient collectif : d’abord l’inconscient collectif familial, puis l’inconscient
collectif du groupe ethnique et culturel et enfin, l’inconscient collectif primordial (où l’on retrouve tout ce qui est commun à l’humanité comme la peur de l’obscurité, l’instinct de survie).
Il distingue plusieurs strates dans l’inconscient collectif : d’abord l’inconscient collectif familial, puis l’inconscient
collectif du groupe ethnique et culturel et enfin, l’inconscient collectif primordial (où l’on retrouve tout ce qui est commun à l’humanité comme la peur de l’obscurité, l’instinct de survie).
Jung précise que cet inconscient collectif sous-entend une certaine hérédité. Cependant, dans Psychologie de l’Inconscient (1913), il écrit : « Je n’affirme nullement la transmission héréditaire de représentations, mais uniquement la transmission héréditaire de la capacité d’évoquer tel ou tel élément du patrimoine représentatif »
La Psychogénéalogie est une méthode thérapeutique prenant en compte les influences de nos lignées familiales sur au moins 3 générations. Chaque famille est régi par un système de croyances conscientes et inconscientes. Des valeurs, des schémas,
et des lois définissent les liens, les droits, les devoirs conditionnés par l’histoire familiale. Loyauté, balance des comptes et autres phénomènes hérités nous influencent dans nos choix de vie et notre développement.
L’outil de base de la psychogénéalogie est le génogramme, c’est-à-dire la représentation graphique de la famille sur plusieurs générations. On y mentionne les faits de vie importants vécus par les membres des lignées maternelle et paternelle. Il a été mis au point dans les années 7 aux Etats-Unis avec l’école Palo Alto. Dès 1980, Anne Ancelin-Schützenberger introduit cet outil en
France tout en le perfectionnant : le concept de génososiogramme voit le jour.
L’arbre de vie s’étend sur au moins 4 générations et tient compte du contexte culturel, historique, sociologique de la famille. Dans son livre « Aïe mes aïeux », cette pionnière de la psychogénéalogie aborde de nombreux phénomènes comme le
syndrome anniversaire, les loyautés familiales, le patient désigné… De nombreux auteurs tels que Didier Dumas ont élargi le champ de la recherche sur le transgénérationnel. Dans son livre « L’ange et le fantôme », il explique les effets des secrets de famille à travers les générations.
La Psychogénéalogie est une méthode thérapeutique prenant en compte les influences de nos lignées familiales sur au moins 3 générations. Chaque famille est régi par un système de croyances conscientes et inconscientes. Des valeurs, des schémas,
et des lois définissent les liens, les droits, les devoirs conditionnés par l’histoire familiale. Loyauté, balance des comptes et autres phénomènes hérités nous influencent dans nos choix de vie et notre développement.
L’outil de base de la psychogénéalogie est le génogramme, c’est-à-dire la représentation graphique de la famille sur plusieurs générations. On y mentionne les faits de vie importants vécus par les membres des lignées maternelle et paternelle. Il a été mis au point dans les années 7 aux Etats-Unis avec l’école Palo Alto. Dès 1980, Anne Ancelin-Schützenberger introduit cet outil en
France tout en le perfectionnant : le concept de génososiogramme voit le jour.
L’arbre de vie s’étend sur au moins 4 générations et tient compte du contexte culturel, historique, sociologique de la famille. Dans son livre « Aïe mes aïeux », cette pionnière de la psychogénéalogie aborde de nombreux phénomènes comme le
syndrome anniversaire, les loyautés familiales, le patient désigné… De nombreux auteurs tels que Didier Dumas ont élargi le champ de la recherche sur le transgénérationnel. Dans son livre « L’ange et le fantôme », il explique les effets des secrets de famille à travers les générations.
La crypte et le fantôme
Sandor Ferenczi (1873-1033), contemporain de Freud, a centré son travail sur les traumatismes
imposés aux enfants par les adultes. Il a ouvert la voie à de nombreux chercheurs, notamment Nicolas Abraham(1919-1975) et
Maria Torok (1925-1998). Leur collaboration donne le jour à un livre « L’écorce et le noyau » (1978) dans lequel sont relatés un ensemble de faits cliniques dont la théorie freudienne ne peut rendre compte.
imposés aux enfants par les adultes. Il a ouvert la voie à de nombreux chercheurs, notamment Nicolas Abraham(1919-1975) et
Maria Torok (1925-1998). Leur collaboration donne le jour à un livre « L’écorce et le noyau » (1978) dans lequel sont relatés un ensemble de faits cliniques dont la théorie freudienne ne peut rendre compte.
Poursuivant les travaux de Sandor Fereczi, Nicolas Abraham et Maria Törok définissent le concept psychanalytique du fantôme : « ils (les fantômes) ne sont pas les trépassés qui viennent hanter, mais les lacunes laissées en nous par le secret des autres » (Etudes freudiennes, 1975). Les concepts de fantôme et de crypte deviennent alors couramment utilisés par les cliniciens dont les plus connus sont Serge Tisseron, Didier Dumas, Jean-Claude Rouchy, Nicolas Rand, Jean-Georges Lemaire et Pascal Hachet.
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La crypte au sein du moi ou l’enterrement d’un vécu honteux indicible : « Lorsqu’il est impossible de reconnaître son chagrin, le trauma et tous les affects qu’il a provoqué se trouvent mis à l’abri dans un caveau. La crypte résulte d’un secret honteux partagé » avec l’objet d’amour perdu ».Judith Dupont, 2008.
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Le fantôme :« L’outil nécessaire pour notre travail nous a été fourni par Nicolas Abraham avec le nouveau concept
psychanalytique de « travail du Fantôme dans l’inconscient ». Il l’a défini comme le travail, dans l’inconscient d’un sujet, du secret inavouable (bâtardise, inceste, criminalité…) d’un autre (ascendant, mais aussi objet d’amour, voire patient ou thérapeute » dit Claude Nachin. Cet auteur étend la définition « au travail induit dans l’inconscient d’un sujet par sa relation avec un parent ou un objet d’amour important porteur d’un deuil non fait, ou d’un autre traumatisme non surmonté, même en l’absence d’un secret inavouable. » Les manifestations cliniques fantomatiques découlent du « travail psychique incessant et désespéré de l’enfant pour combler la lacune ». Du point de vue métapsychologique, le fantôme correspond au travail psychique de l’enfant « pour comprendre et soigner son parent, avec l’espoir d’en être à son tour mieux compris et soigné. »
psychanalytique de « travail du Fantôme dans l’inconscient ». Il l’a défini comme le travail, dans l’inconscient d’un sujet, du secret inavouable (bâtardise, inceste, criminalité…) d’un autre (ascendant, mais aussi objet d’amour, voire patient ou thérapeute » dit Claude Nachin. Cet auteur étend la définition « au travail induit dans l’inconscient d’un sujet par sa relation avec un parent ou un objet d’amour important porteur d’un deuil non fait, ou d’un autre traumatisme non surmonté, même en l’absence d’un secret inavouable. » Les manifestations cliniques fantomatiques découlent du « travail psychique incessant et désespéré de l’enfant pour combler la lacune ». Du point de vue métapsychologique, le fantôme correspond au travail psychique de l’enfant « pour comprendre et soigner son parent, avec l’espoir d’en être à son tour mieux compris et soigné. »
Le fantôme transgénérationnel ou « travail du fantôme dans l’inconscient » désigne les effets des secrets de famille à travers les générations précédentes.
A l’instar de la notion de « vérité » chère à F.Dolto, il est important de considérer le secret intime, garant de la sécurité psychique. Par exemple, les parents n’ont évidemment pas à raconter leur vie sexuelle à leurs enfants. Ceci est aussi valable pour les petits que pour les adolescents et même les jeunes adultes. Le secret est un droit et une nécessité. Lorsque l’on parle de secret de famille, il s’agit de ces non-dits délétères, ces « fantômes dans le placard » dixit Freud : un fait, un trauma qui a engendré de la honte et de la culpabilité et se transmet à travers les générations. Pour Willy Barral,
l’enfant porteur du trouble psychosomatique est à la fois celui que l’on désire faire taire : « ce n’est rien, ce mal de ventre », et celui par qui la délivrance peut advenir « : faites quelque chose, nous, on ne sait plus quoi faire ! ». Pour autant, il ne s’agit pas de culpabiliser les parents ;
Dolto leur disait : « C’est de votre fait et non de votre faute. » Être parent, c’est être responsable. Si l’on accepte d’entendre ce que l’inconscient a à nous dire, alors, les symptômes n’ont plus de raison d’être.
l’enfant porteur du trouble psychosomatique est à la fois celui que l’on désire faire taire : « ce n’est rien, ce mal de ventre », et celui par qui la délivrance peut advenir « : faites quelque chose, nous, on ne sait plus quoi faire ! ». Pour autant, il ne s’agit pas de culpabiliser les parents ;
Dolto leur disait : « C’est de votre fait et non de votre faute. » Être parent, c’est être responsable. Si l’on accepte d’entendre ce que l’inconscient a à nous dire, alors, les symptômes n’ont plus de raison d’être.
Ce dont héritent les enfants
« Tout enfant a besoin de vérité pour se construire »,
affirmait F.Dolto (1908-1988). Selon elle, les troubles des enfants avaient pour origine les dettes inconscientes contractées par les adultes des générations précédentes. S’affranchissant de tout a priori théorique, elle a développé le concept « d’image inconsciente du corps » à partir de son expérience de clinicienne. Elle écoutait, observait, communiquait, cherchant à comprendre comment les « dires » d’un enfant s’expriment par son corps, ses gestes, ses expressions, ses productions (dessins par exemple). Le psychanalyste Willy Barral, formé par Françoise Dolto et Pierre Solié, développe l’idée que l’activité psychique de l’enfant se construit en relation avec l’histoire de ses parents et que leurs conflits inconscients s’écrivent dans son corps. Dans son dernier livre, Le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents (Payot, 2008), il explique que les symptômes psychosomatiques d’un enfant sont une façon d’exprimer ce qui a été dissimulé dans sa famille. Willy Barral poursuit dans cette thèse le travail de Dolto qui avait constaté que l’enfant « incarne » l’histoire psychique de ses parents avec ses cinq sens. Dans leurs dessins, les enfants racontaient des choses dont les parents n’avaient jamais entendu parler et validées par grands-parents. On peut tout naturellement introduire la notion de 6ème sens, appelée prosaïquement intuition, ou encore télépathie, lorsque des informations sont transmises d’une personne à l’autre ou d’une génération à l’autre sans qu’aucune parole n’ait été échangée. Il est d’ailleurs reconnu que la proximité affective favorise
cette forme de télépathie : entre la mère et son enfant par exemple.
affirmait F.Dolto (1908-1988). Selon elle, les troubles des enfants avaient pour origine les dettes inconscientes contractées par les adultes des générations précédentes. S’affranchissant de tout a priori théorique, elle a développé le concept « d’image inconsciente du corps » à partir de son expérience de clinicienne. Elle écoutait, observait, communiquait, cherchant à comprendre comment les « dires » d’un enfant s’expriment par son corps, ses gestes, ses expressions, ses productions (dessins par exemple). Le psychanalyste Willy Barral, formé par Françoise Dolto et Pierre Solié, développe l’idée que l’activité psychique de l’enfant se construit en relation avec l’histoire de ses parents et que leurs conflits inconscients s’écrivent dans son corps. Dans son dernier livre, Le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents (Payot, 2008), il explique que les symptômes psychosomatiques d’un enfant sont une façon d’exprimer ce qui a été dissimulé dans sa famille. Willy Barral poursuit dans cette thèse le travail de Dolto qui avait constaté que l’enfant « incarne » l’histoire psychique de ses parents avec ses cinq sens. Dans leurs dessins, les enfants racontaient des choses dont les parents n’avaient jamais entendu parler et validées par grands-parents. On peut tout naturellement introduire la notion de 6ème sens, appelée prosaïquement intuition, ou encore télépathie, lorsque des informations sont transmises d’une personne à l’autre ou d’une génération à l’autre sans qu’aucune parole n’ait été échangée. Il est d’ailleurs reconnu que la proximité affective favorise
cette forme de télépathie : entre la mère et son enfant par exemple.
Etude de cas :
Alors que je proposais à un enfant de 6 ans de dessiner chaque membre de sa famille sur une feuille, il a représenté un oiseau en cage pour son grand-père maternel. En questionnant la mère, elle m’apprit après enquête que ce grand-père avait fait de la prison ; cet épisode tabou n’avait jamais été révélé aux enfants et la mère avait cru qu’ils avaient déménagé et que son père s’était absenté pour une bêtise qu’elle avait commise à l’école élémentaire. L’ironie de l’histoire est que le propre père de l’enfant avait fait quelques mois de prison préventive avant qu’un procès ne l’innocente. La famille en avait été très affectée et je suivais cet enfant pour l’aider à surmonter ce traumatisme. Lorsque le non-dit au sujet du grand-père a pu être exprimé, les
troubles (dont la claustrophobie) du garçon se sont atténués.
troubles (dont la claustrophobie) du garçon se sont atténués.
La maladie du deuil ou deuil impossible d’un être cher.
Mais bien avant tous ces auteurs, c’est la pensée de C.G.Jung (1875-1961) qui développe l’idée qu’un enfant peut souffrir de tout ce qui est resté dans l’ombre dans l’inconscient parental : ces « arrière-plans secrets » que l’adulte
masque et refoule. Jung parle même de « contagion psychique », de « folie à deux » –ou davantage- et de « participation mystique » pour expliquer ce qui lie l’enfant à l’inconscient parental.
[Jung développe cette idée en 1924 dans son ouvrage « Psychologie et éducation »]
La recherche sur le processus du deuil, notamment lorsqu’il est entravé et perturbé, tient une place significative dans son œuvre : « Pour que les défunts (nous dirions les défunts tels que nous nous les représentons mentalement) soient en paix ou retrouvent la paix, et pour que les survivants aillent en paix, il est nécessaire que des paroles de vérité puissent être dites et des sentiments authentiques exprimés, à l’occasion du deuil, entre les proches du défunt et partagés avec l’ensemble de la communauté. » Claude Nachin (dans « Les fantômes de l’âme », pp. 30-31.)
Serge Tisseron, Christophe Fauré, entre autres, l’ont clairement expliqué : c’est davantage la répression des émotions liées à un deuil plutôt que l’évènement dramatique qui entrave la personnalité et crée des déséquilibres. La transmission de la vie psychique reste cependant au cœur de toute vie familiale. On hérite des gènes mais aussi de tout le vécu conscient et inconscient des générations précédentes.
masque et refoule. Jung parle même de « contagion psychique », de « folie à deux » –ou davantage- et de « participation mystique » pour expliquer ce qui lie l’enfant à l’inconscient parental.
[Jung développe cette idée en 1924 dans son ouvrage « Psychologie et éducation »]
La recherche sur le processus du deuil, notamment lorsqu’il est entravé et perturbé, tient une place significative dans son œuvre : « Pour que les défunts (nous dirions les défunts tels que nous nous les représentons mentalement) soient en paix ou retrouvent la paix, et pour que les survivants aillent en paix, il est nécessaire que des paroles de vérité puissent être dites et des sentiments authentiques exprimés, à l’occasion du deuil, entre les proches du défunt et partagés avec l’ensemble de la communauté. » Claude Nachin (dans « Les fantômes de l’âme », pp. 30-31.)
Serge Tisseron, Christophe Fauré, entre autres, l’ont clairement expliqué : c’est davantage la répression des émotions liées à un deuil plutôt que l’évènement dramatique qui entrave la personnalité et crée des déséquilibres. La transmission de la vie psychique reste cependant au cœur de toute vie familiale. On hérite des gènes mais aussi de tout le vécu conscient et inconscient des générations précédentes.
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Patricia Serin, Psychologue-Psychothérapeute, février 2012
Bibliographie :
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Tous les ouvrages cités dans cet article et, également :
« Ma famille, mes fantômes ; guérir du lien quand il fait mal« (2010) et » La psychogénéalogie expliquée à tous » (2007) d’Isabelle
de Roux
« La famille en héritage » de Zorica Jérémic et Patrick Vinois (2008)
« La voix de l’enfant dans la thérapie familiale » Carole Gammer (2005)
de Roux
« La famille en héritage » de Zorica Jérémic et Patrick Vinois (2008)
« La voix de l’enfant dans la thérapie familiale » Carole Gammer (2005)
« Psychogénéalogie : pour en finir avec l’emprise du stress » (2008) de Bernadette Picazo
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