sommeil

Paralysie du sommeil

Une expérience extraordinaire, un phénomène « paralysant ».

Parmi les nombreuses expériences « extraordinaires » que j’ai vécues après ma 1ère NDE, alors jeune adulte, la paralysie du sommeil a été sans conteste un des phénomènes les plus angoissants.

La dizaine de ces expériences subies suivait un déroulement à peu près identique :

« Alors, que je m’assoupis en début de nuit, au moment où on est encore conscient des bruits de la rue et que l’on commence à se détendre avant de s’abandonner au sommeil, j’ai l’impression d’une présence dans la pièce« … A noter que je ne consommais pas de drogue, ne prenait aucun médicament, ne buvais pas d’alcool…
« L’ombre se précise en s’approchant de moi jusqu’à me fixer et finir par m’agresser avec à la clef l’impression que je suffoque et me trouve dans l’incapacité de bouger, crier, me défendre. Au bout d’un moment qui me semble interminable, et à bout de frayeur, mon agresseur disparait ».

Parfois, et bien involontairement, une des échappatoires à ces attaques terrifiantes, résidait dans le vécu d’une EHC ou OBE (sortie hors corps) : en pleine agression, un bourdonnement m’enveloppait, comme un avion qui met les gaz avant de décoller, et je me sentais sortir de mon corps par la tête pour m’éloigner de cette scène de violence intrusive. Je retrouvais le chemin suivi lors de ma NDE. L’atterrissage avait lieu lorsque « la présence » était partie, me permettant de m’endormir profondément, frappée d’épuisement.

Etait-ce un cauchemar? Je restais convaincue d’être réveillée au moment de cette agression ; ma porte et mes fenêtres étaient parfaitement fermées. J’étais dans l’incompréhension de ce qui m’arrivait, à moins d’envisager la piste d’une visite d’entité malfaisante  facilitée par un état de conscience modifié, ou des troubles hallucinatoires.   Par la suite, la rencontre avec des expérienceurs ayant vécu des phénomènes similaires m’a poussée à étudier ces paralysies du sommeil, et surtout, de développer des stratégies pour s’en débarrasser ou même, s’en servir pour développer d’autres capacités comme le rêve lucide et l’expansion de conscience.

Allan Cheyne, Professeur au Penn State College of Medecine (USA) témoigne d’une expérience identique : « Epuisé par un bachotage intense, je m’éveille une heure après m’être endormi, assommé de fatigue. J’entends un bruit de porte et des pas étouffés. Je croyais pourtant avoir fermé la porte à clef. J’essaie de me lever ; impossible. Je commence à paniquer. Soudain, je sens quelque chose monter sur ma poitrine, des mains enserrer mon cou, je me dis que je vais y passer. Je réussis finalement à réagir et à me réfugier au foyer étudiant. Rien ne me préparait à ce type d’expérience : j’étais jeune, en bonne santé, ne consommait aucune substance. Je n’étais pas non plus particulièrement croyant, m’apprêtant plutôt à devenir un bon matérialiste ».

Selon le Pr Cheyne qui a étudié plus de 9000 cas, 30 à 40% de la population aurait vécu, au moins une fois dans sa vie,
un épisode de paralysie du sommeil ; hommes femmes et enfants, toutes religions et origines confondues.

Ainsi, même si cela peut nous y prédisposer, nul n’est besoin d’avoir vécu une expérience d’expansion de conscience pour vivre ces parasomnies.

Des pistes de compréhension, des modèles explicatifs

« Si je suis maudit, je reviendrai la nuit vous harceler. Je m’en prendrai à vos visages, j’appuierai sur vos poitrines tremblantes. Je vous priverai de sommeil par la terreur »
Horace, 1er siècle après JC.

La science explique  en partie la paralysie du sommeil. Les enregistrements EEG ne déterminent pas l’apparition de ce phénomène lors d’une phase particulière. Ce peut être à l’endormissement (hallucination hypnagogique) ou au réveil (hallucination hypnopompique) ; également lors du sommeil paradoxal. On associerait néanmoins la paralysie du sommeil à une phase de rêve, sachant que les dernières études ont établi que le rêve peut survenir lors de n’importe quelle phase. Il est
recommandé de faire un bilan de santé à toute personne en souffrant régulièrement; cela permet d’exclure tout risque pathologique tel qu’une tumeur au cerveau ou une épilepsie, par exemple.
Lorsque l’on rêve, un mécanisme dans le cerveau nous paralyse pour nous empêcher de mimer les gestes dans nos rêves. Certaines personnes se retrouvent prises au piège entre l’état de veille et de rêve : c’est la paralysie du sommeil.

Allan Cheyne  explique que deux mécanismes interdépendants dans notre cerveau primitif gèrent notre sommeil : le 1er nous permet de  nous réveiller et le second de nous maintenir en état de rêve. Lorsqu’ils ne fonctionnent pas correctement, le 1er n’inhibe plus le second, et l’on se réveille sans cesser de rêver. Il explique le processus donnant naissance aux hallucinations en associant le scénario du rêve avec l’angoisse de ne plus pouvoir bouger (si l’on est en phase de sommeil paradoxal) et donc, avec l’oppression et la difficulté à respirer. Pour d’autres scientifiques, la paralysie du sommeil est héréditaire, pour certains, elle se manifeste à certains endroits seulement, ou encore chez des personnes ayant eu une enfance difficile ou victimes d’agressions. Enfin, ce pourrait être une forme particulièrement aigue de somnanbulisme survenant pendant la phase de sommeil profond.

Mais alors, comment expliquer ce qui survient lors des autres phases de sommeil?

Le Pr David Hufford a passé 30 ans à étudier le sujet.
En menant des recherches dans plus de 12 pays, Il a observé un protocole semblable dans toutes les grandes traditions du monde entier, dont le mythe médiéval des viols démoniaques. De l’Orient à l’Occident, ce phénomène a donné naissance à diverses représentations : Old Hag (la vieille sorcière) en Amérique du Nord ; incubes et succubes en Europe ; le Broyeur d’os dans les pays baltes kanashibaris au Japon,  djinns au Maroc, etc. Pour ce scientifique, la paralysie du sommeil explique les poids ressentis sur la poitrine mais pas la pression en d’autres endroits du corps. La pression sur le haut du corps (gorge, poitrine), peut provenir de la paralysie involontaire des muscles respiratoires, mais pas les autres sensations d’enfoncement, de torsion ou de traction.

Il semble même que des communautés entières vivent de concert ces phénomènes. Ainsi, sur l’île de Pemba, en Afrique de l’Est, les habitants affirment avoir subi des attaques d’entités pendant une décennie entière. Gris-gris, prières et recours aux sorciers ont eu raison de ces agressions. Hallucinations collectives, malédiction, virus ou névrose ? Chacun y va de son interprétation.

« Le processus biochimique est parfaitement compris, assure David Hufford. L’impossibilité de bouger le corps, ainsi que la sensation de pression sur la poitrine et de manque d’oxygénation, sontliés au blocage  involontaire des muscles respiratoires ».

Indépendamment de toute atteinte psychiatrique ou neurophysiologique, la piste de troubles névrotiques est également une piste à explorer. Par une plongée dans l’inconscient la psychanalyse propose des explications à la paralysie du sommeil : refoulement, déni, troubles psychiques comme les tendances à l’hystérie, la paranoïa, la phobie, la dépression…
A l’heure actuelle, la science rationnelle ne permet pas d’expliquer ces phénomènes de façon satisfaisante. 80% des personnes ayant vécu une paralysie du sommeil témoignent de perceptions extraordinaires » rappelle David Hufford. Les étudiants en médecine qu’il a interviewés, bien que connaissant les hypothèses scientifiques, continuaient d’estimer que la rencontre était bien réelle.  C’est la raison pour laquelle les victimes se tournent souvent vers des institutions religieuses qui admettent l’existence de phénomènes surnaturels.

« En tout homme résident deux êtres : l’un éveillé dans les ténèbres, l’autre assoupi dans le lumière. » Kalhil Gibran

Des voies de dépassement et de transformation

Comme toute expérience extraordinaire, la paralysie du sommeil bouleverse et transforme celui qui la vit. L’assistance d’un thérapeute ouvert et formé au diagnostic différentiel et à l’écoute de ces phénomènes peut être cruciale. Lorsque l’absence
d’atteinte neurologique ou psychopathologique est avérée, il est intéressant d’amener le sujet à élaborer autour de ce vécu, de l’impact que cela a dans sa vie, de détecter si un contexte particulier les favorise et surtout, de développer des techniques pour les transcender. Et pour commencer, il s’agit de se rassurer : non, une personne qui subi ce phénomène angoissant n’est pas folle à lier.  Car si parmi les 30% de la population mondiale, certains ne vivent cette parasomnie qu’une seule fois, d’autres témoignent de « nuits blanches » traversées par la peur panique d’attaques récurrentes, songeant même parfois au suicide, à bout de nerf et d’épuisement.

Le Centre d’Information, de Recherche et de Consultation sur les Expériences Exceptionnelles  (Circée), propose cette interprétation :

« Les causes habituellement associées à la paralysie du sommeil sont la fatigue, le stress, l’anxiété, un changement soudain dans les habitudes quotidiennes (déménagement, changement de travail) ou une mauvaise hygiène de sommeil (horaires de sommeil irréguliers). L’inconvénient principal de la paralysie du somme réside dans les hallucinations éventuelles et l’effroi qu’éprouvent les personnes affectées.  Les hallucinations rapportées  sont :  sonores (craquements, claquements dans la tête ou la nuque, bruits secs, bangs, sonneries) ; tactiles (contacts physiques, sensation d’être tiré par les pieds, vibrations dans le corps, tremblements) ; visuelles (tâches lumineuses, auras, boules de lumière, perception des objets dans le noir) ; kinesthésiques
(sensations de flottement, de chute ou d’expérience hors du corps). »
Rappelons que les hallucinations sont,  entre autre, traditionnellement définies par l’impression de réalité du phénomène … phénomène  n’existant pas dans la réalité!

Nos conseils :

Les premiers éléments à considérer sont de tenir un petit carnet de bord comme on le fait pour les rêves. On y note les détails de l’expérience, les émotions ressenties, le contexte de la veille (évènements…).  Seul ou avec un psy, on peut ensuite associer avec d’autres expériences, des souvenirs, des traumatismes. Le fait de parler à une personne ouverte à ce phénomène sans à-priori représente déjà un grand soutien.
On éliminera méthodiquement ce qui pourrait favoriser la survenue de ces paralysies du sommeil sur le plan de l’hygiène de vie. Dîner léger et soirée calme, chambre paisible, fraîche et sombre ;  excitants et drogues supprimés.  Ne pas cumuler de dette de sommeil, apprendre une technique comme la sophrologie ou la méditation.
Dépasser ses peurs
Que la paralysie du sommeil soit un trouble du sommeil ou un sommeil troublé par des « entités », affronter ses peurs est un exercice de transformation, d’individuation et une voie d’accomplissement passionnante.
Que l’on pense être réveillé ou rêver, il s’agit d’admettre que l’on vit une paralysie du sommeil, que l’on va s’en sortir, que cela ne
fait pas mourir. Lorsqu’on a peur, l’amygdale dans le cerveau active un comportement –se battre ou fuir-. Et comme c’est impossible du fait de la paralysie, on est terrorisé.  On reprend aussi tranquillement que possible la maîtrise de sa respiration en l’amplifiant et la ralentissant. On tente de bouger, ne serait-ce que le bout d’un doigt ou d’un orteil. On s’affirme face à cet « intrus » en exigeant qu’il parte et ne nous dérange plus. Certains demandent l’aide du ciel et prient avec ferveur ; d’autres ont recours à la visite d’un prêtre ou autres formules et objets de protection.
C’est à ce moment-là que des sujets peuvent expérimenter une EHC  ou un rêve lucide, tremplins vers une autre conscience de soi et du monde. Un dossier complet a été consacré aux rêves et aux rêves lucides par l’Inrees. (www.inrees.com/)

Si le protocole de base de la Paralysie du sommeil est  universel, chaque expérience, ce qu’elle suscite et son potentiel de transformation sont singuliers. A chacun d’apprendre à utiliser les ressources de ce phénomène pour  se transcender.

Nous vous recommandons  la lecture de  l’ouvrage de Ryan Hurd qui a publié un ouvrage sur la paralysie du sommeil :

« Sleep Paralysis: A Guide to Hypnagogic Visions and Visitors of the Night« 

Guy de Maupassant, Le Horla, 1887

« Je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis un rêve – non – un cauchemar m’étreint. Je sens bien que je suis couché et que je dors… je le sens et je le sais… et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me palpe, monte sur mon lit, s’agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre… serre… de toute sa force pour m’étrangler.
Moi, je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes; je veux crier, – je ne peux pas; – je veux remuer, – je ne peux pas; – j’essaie, avec des efforts affreux, en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m’écrase et qui m’étouffe, – je ne peux pas !

Et soudain, je m’éveille, affolé, couvert de sueur. J’allume une bougie. Je suis seul ».

Patricia Serin,

Psychologue-Psychothérapeute,  novembre 2012

Commentaire de Duscaty le 22 septembre 2014 :

« Bonjour,
J’ai 59 ans et c’est grâce à votre article sur la paralysie du sommeil que je peux enfin mettre un nom sur ce phénomène qui m’est arrivé pour la 1ère fois il y a 37ans juste après mon 1er accouchement. Cette expérience a été extraordinaire et je m’en souviens comme si cela venait de m’arriver!
Cela s’est passé à la maternité et je somnolais après le déjeuner lorsque je me suis soudain retrouvée flottant au-dessus du berceau de mon bébé qui se trouvait dans une pièce vitrée donnant sur ma chambre. J’étais très surprise par ailleurs d’entendre de la musique classique. J’étais bien et Je me voyais de loin étendue dans mon lit. Je n’ai pas eu le temps de me poser de questions car soudain une aide-soignante est entrée dans la chambre. J’entendais sa voix me dire qu’elle venait pour la température et je me suis retrouvée brutalement dans mon corps mais sans pouvoir respirer ni bouger. J’étouffais et c’était très angoissant. Je me souviens avoir pris conscience qu’il fallait que je me calme et me concentre pour inspirer à nouveau. Mon coeur battait très fort et plutôt vite. Je suis revenue de cet état avec la sensation bizarre et désagréable d’avoir vécu comme une « petite mort ». Depuis ce jour,J’ai toujours eu la conviction qu’il s’agissait d’une décorporation et j’ai revécu cette expérience de nombreuses fois après chaque accouchement. Je me promenais la nuit en « esprit » sans m’éloigner de mon corps car je savais que ce serait difficile de le réintégrer et de retrouver ma respiration. Ces épisodes générateurs d’angoisse ont heureusement disparu. Je me pose cependant aujourd’hui la question:ai-je réellement quitté mon corps ou bien étais-ce une hallucination comme le fait d’entendre de la musique?? »

Réponse de Patricia Serin : 

« Merci pour ce commentaire. un parmi de très nombreux reçus après la parution de cet article. Nous sommes encore à l’aube des découvertes du potentiel humain et de l’explication des expériences extraordinaires vécues au moins une fois par la plupart d’entre nous. « Et pourtant, c’était réel! » disent-ils… »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *