A la suite de mes articles sur le sommeil de l’adulte, puis celui de l’enfant et de l’adolescent, j’ai décrit le phénomène encore inexpliqué qu’est la paralysie du sommeil.
Voir : Le sommeil est d’or | Patricia Serin/archives 817
Le sommeil chez l’enfant et l’adolescent. Chapitre 2 …/archives 900
www.serin-patricia.com/archives/900
La Paralysie du sommeil www.serin-patricia.com/archives/1719
J’ai reçu de multiples témoignages sur ce thème, mais également sur les très nombreux phénomènes liés au sommeil et aux rêves.
En voici l’écho dans ce nouvel article qui aborde les rêves lucides, les terreurs nocturnes et les phénomènes de « dédoublement » appelés également « voyage astral ».
Petit rappel de la Paralysie du Sommeil :
La paralysie du sommeil est un trouble du sommeil, (ou parasomnie) qui se caractérise par le fait que le sujet, restant conscient et sur le point de s’endormir ou de s’éveiller, se trouve dans l’incapacité d’effectuer tout mouvement volontaire. S’y associent fréquemment des hallucinations auditives, kinesthésiques ou visuelles ainsi que des impressions d’oppression, de suffocation, de présence maléfique et de mort imminente. Cette expérience, partagée depuis la nuit des temps de façon ponctuelle ou régulière, toucherait 40% de la population. Le sujet, dans l’impossibilité d’articuler les sons et de prévenir l’entourage, a l’impression qu’il va étouffer et se retrouve terrorisé.
La PDS se manifeste lors du sommeil paradoxal (phase de rêve), lors de la transition entre l’éveil et le sommeil ou au réveil. Cet épisode dure entre quelques secondes et quelques minutes.
Lorsque l’on rêve, un mécanisme dans le cerveau nous paralyse pour nous empêcher de mimer les gestes dans nos rêves. Certaines personnes se retrouvent prises au piège entre l’état de veille et de rêve : c’est la paralysie du sommeil.
A la question : « Est-il est possible de susciter une paralysie du sommeil? » Voici ma réponse :
« Susciter une telle expérience a peut-être tenté certaines personnes amatrices d’émotions fortes, mais je n’en ai reçu aucun témoignage. Les faits relatés sont tellement désagréables que cela ne donne pas vraiment envie. Tout comme une montée de Kundalini ou une OBE (out of body expérience), même en s’exerçant avec persévérance, rares sont ceux qui pourraient y parvenir ».
Autre question : « Quel est le lien avec la cataplexie »
La cataplexie est un des symptômes majeurs de la narcolepsie. Le plus souvent sous l’effet d’une émotion intense, le sujet perd brusquement tout tonus musculaire et s’effondre, sans perte de conscience.
Y a-t-il un lien entre la paralysie du sommeil et les terreurs nocturnes ?
On peut confondre les deux phénomènes car ils ont pour points communs d’intervenir pendant le sommeil et d’être terrifiants. Sans doute également, de survenir à des moments de difficultés pour le sujet. Mais une différence majeure est que la personne qui fait des paralysies du sommeil s’en souvient alors que celui qui fait des terreurs nocturnes n’en a aucun souvenir au réveil. 6% des enfants feraient des TN, et très peu d’adultes. C’est l’entourage qui relate le caractère angoissant de celui qui hurle dans son sommeil, s’agite, se lève, et comme dans le somnambulisme (phénomène très voisin), il continue à dormir, et après la phase d’agitation et de manifestation de peur, il se rendort tranquillement. La terreur nocturne survient en général durant les premières heures de la nuit, pendant une période de sommeil profond. Le cauchemar, tout comme le rêve, ont lieu pendant la phase de sommeil paradoxal.
Lors de la paralysie du sommeil, le sujet peut entendre ce qui se passe à côté de lui, même témoigner de sa peur avec les personnes présentes à côté de lui. Ce n’est pas systématique, mais il existe des témoignages dans ce sens.
Et quid du Rêve Lucide?
Les voies de dépassement et de transformation de la PDS, décrites dans mon précédent article, ont permis à certains de mes lecteurs de s’initier au Rêve Lucide.
« Le rêve lucide est un phénomène normal, pouvant survenir lors d’une phase de vrai sommeil, et ayant sa place au sein d’une gamme d’expériences de conscience. Envisagé comme un processus d’information, la lucidité durant le sommeil serait une aptitude cognitive (LaBerge) ou un modèle de conscience de soi (Blackmore) : le rêveur est capable de raisonner et d’agir (ou non) volontairement, tout en restant profondément endormi.
La plupart des personnes disent avoir expérimenté un rêve lucide au moins une fois dans leur vie, mais seules 20% rapportent des rêves lucides chaque mois » définition tirée du « Manuel clinique des expériences extraordinaires « de Stéphane Alix et Paul Bernstein chez Dunod Inress InterEdition (2009).
Y a-t-il donc un lien entre la paralysie du sommeil et le rêve lucide ?
Lors de la paralysie du sommeil, le sujet est « coincé » entre la veille et le sommeil. Le rêve lucide a lieu pendant la phase de sommeil paradoxal, complètement endormi. Le blocage moteur joue son rôle, contrairement à la paralysie du sommeil. La personne dort vraiment, elle se souvient de son rêve lucide et en garde très majoritairement un bon souvenir.
Lors d’une paralysie du sommeil, le sujet va tenter de se réveiller complètement pour sortir de cette expérience terrifiante ; reprendre conscience de son corps, se calmer, respirer profondément.
Lors d’un rêve qui devient lucide, au contraire, le rêveur va volontairement continuer son rêve en interférant consciemment avec le contenu. Par exemple, il est face à une bête féroce ; le fait d’être conscient qu’il rêve va atténuer la peur et permettre au sujet d’engager la conversation avec elle. Si certaines personnes font des rêves lucides spontanés, c’est pour d’autres une voie de connaissance de soi. Le rêveur est capable de raisonner et d’agir (ou non) volontairement, tout en restant profondément endormi. Les rêves lucides ont en moyenne plus de sensations auditives et kinesthésiques, et plus de sensations de contrôle que dans le rêve classique. Durant le rêve lucide, certains rêveurs ont ainsi la possibilité de contrôler leur fréquence respiratoire voire certains groupes de muscles. Exercice de contrôle que l’on conseille aux gens de faire lorsqu’ils sont coincés dans la paralysie du sommeil.
La plupart des personnes disent avoir expérimenté un rêve lucide au moins une fois dans leur vie, mais seules 20% rapportent des rêves lucides chaque mois.
Il a été observé que les gens pratiquant régulièrement la méditation et toute démarche plus globale du développement de la conscience étaient davantage sujettes aux rêves lucides.
Auteur du premier livre paru en français sur les rêves lucides – « Vivre ses rêves » paru en 1983 – Olivier Clerc y explique son cheminement vers la lucidité en rêve. Il a été très inspiré par le livre d’Hervey de Saint-Denis, « Les rêves et les moyens de les diriger » paru en 1867, qui demeure à ce jour l’un des ouvrages de référence sur ce sujet. (Réédité par Tchou) .O. Clerc recommande également « Creative Dreaming », de Patricia Garfield, premier livre moderne à reparler du rêve lucide, traduit sous le titre de « La créativité onirique ».
Dédoublement et voyages astraux sont-ils liés à la paralysie du sommeil?
J’ai également reçu de nombreux témoignages au sujet des « voyages astraux » ou des « Out of Body » (sorties de corps). Ces expériences font quelque fois suite à une paralysie du sommeil, mais le phénomène a plutôt lieu sans lien avec cette expérience terrifiante qu’est la PDS.
Une expérience hors du corps n’est pas nécessairement accompagnée de voyage astral au sens où une partie de soi irait se promener dans d’autres mondes éloignés de notre monde terrestre.
Un voyage astral est le terme par lequel on désignait autrefois les expériences de sortie hors du corps, parfois aussi appelées « dédoublement ». Ces états modifiés de conscience divisent la science, et aucun modèle ne semble pouvoir expliquer à lui seul toutes leurs caractéristiques. La majorité des scientifiques considérant ces phénomènes comme hallucinatoires ou oniriques.
La décorporation ou voyage hors du corps (OBE, out of body) est un phénomène de dédoublement, pouvant se produire pendant le sommeil, la méditation, ou lors des expériences de mort imminente (EMI, ou Near Death Experience en anglais), dont il constitue souvent la première phase. Le sujet se perçoit alors dissocié de son corps physique, qu’il peut percevoir ou voir de l’extérieur. Quand elles réintègrent leur corps, les personnes peuvent décrire de manière exacte des objets, des personnes et des événements s’étant déroulées loin du lieu où se trouvait leur corps physique.
La première expérience de voyage astral contrôlée scientifiquement a été conduite par Charles Tart, de l’université de Californie dans les années 1960. Les enregistrements de l’EEG sur la personne entrain de faire une OBE ont présenté des modifications significatives dans les tracés d’ondes cérébrales, sans corrélation avec des mouvements oculaires rapides accompagnant habituellement les rêves. Le sujet a trouvé avec exactitude un nombre exact situé hors de sa vue, ceci pendant son sommeil. (Elle a nommé ce chiffre à son réveil).
A propos des voyages astraux, une des références intéressantes se trouve dans les nombreux ouvrages d’Anne Givaudan et Daniel Meurois, notamment « Récits d’un voyageur de l’Astral, le corps hors du corps… « (1983); Édition Le Perséa
Une sortie de corps peut faire suite à une paralysie du sommeil. Dans cet état de conscience modifiée, il se produit un dédoublement : on a l’impression de sortir de son corps et de le voir du dessus. Une partie de soi peut donc s’extraire de ces sensations très pénibles occasionnées par la PDS. On recueille les mêmes témoignages chez les personnes qui subissent une agression très violente (un viol, une maltraitance, un accident). Le dédoublement peut se prolonger par un voyage astral : on voyage plus ou moins loin, parfois dans des mondes très différents du monde terrestre. Il n’existe pour l’instant aucune preuve scientifique certifiant que ce ne sont pas des rêves ou des hallucinations.
Pourquoi rêve-t-on?
Le rêve a une fonction physiologique propre à de nombreux animaux, essentiellement les mammifères. Le sommeil fait partie de nos besoins vitaux, le rêve nous permet de digérer des informations de la journée, de classer, trier, jeter, ouvrir des possibles, de stimuler notre appareil psychique. Depuis la nuit des temps, l’homme voue aux rêves un intérêt particulier. Il nous permet de franchir la frontière du concevable et du connu. Il ouvre à la transcendance et à l’extraordinaire. Il plonge ses racines au cœur de notre psyché, en relation avec notre quotidien et ouvrant au champ d’insondables possibles, très haut vers ce qui est inaccessible à la simple conscience.
« Le rêve est une pratique majeure du chamanisme.
Cette prédilection vient du fait que, tout comme le chaman qui en est le spécialiste, le rêve se situe à la frontière entre le monde des hommes et le monde des esprits et des réalités autres. Par la pratique du rêve, la limite entre le réel et l’imaginaire vacille ; le rêve possède le pouvoir d’entrer en contact avec ce qui terrifie et fascine au dehors (monde des esprits, divinités) tout en se déroulant au-dedans d’un psychisme particulier, celui du chaman ».
O.Moyano, Rêve et Chamanisme, p.147
Scientifiques, chercheurs, psychanalystes, sages, aventuriers et simple curieux……….. au-delà de sa nécessité biologique absolue, qui ne s’est jamais interrogé sur le sens d’un rêve. Qu’il soit cauchemar, retrouvailles, merveilleux ……… ou prémonitoire.
Merci pour tous vos témoignages, passés et à venir!
Pour aller plus loin :
Michel Billiard, Yves Dauvilliers « Les troubles du sommeil » aux éditions Masson (2005)
Olivier Clerc « Vivre ses rêves » paru en 1983 –
Michel Jouvet « le sommeil et le rêve » éditions Odile Jacob (1992)
Jean-Luc van den Bergh « Les rêves et les visions de Carl Gustav Jung » éditions l’harmattan (2010)
Patricia Serin,
Psychologue-Psychothérapeute
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