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Hildegarde de Bingen, extraordinaire Dame de foi

Synchronicité : Un pont dans l’histoire de C.G.Jung à Hildegarde de Bingen.

J’eu la grande chance d’admirer  « Le livre Rouge » de C.G.Jung l’an dernier, lors de l’exposition qui lui était consacrée au musée Guimet (cf. mon article  Synchronicité et Livre Rouge www.serinpatricia.com/archives/1032).
Ma regrettée amie, Isabelle de Roux, m’y accompagnait ; et c’est quelques mois plus tard, alors qu’Isabelle traversait ce voile qui l’avait tant intriguée pour un voyage sans retour que je me surpris à évoquer la similitude entre les illustrations de C.G.Jung et celles contenues dans
Le Scivias (sache les voies) d’Hildegarde de Bingen (1098-1179) et décrivant 26 de ses visions mystiques. « L’écrit Majeur Spirituel de Ste Hildegarde «Scivias» Connaît les voies du Seigneur » (730 pages, Sagesses chrétiennes).Traduction et présentation par Pierre Monat.

Transportée par la richesse et la portée spirituelle de cette œuvre, j’y trouvais quelque réconfort à mon chagrin, d’autant qu’un livre sur l’œuvre d’Hildegarde DB m’avait été offert par une autre amie, 10 ans plus tôt. Comme nos vrais amis, c’est dans les difficultés que nos proches disparus nous apportent leur soutien le plus constant. En me replongeant dans cette œuvre, j’y trouvais l’appui nécessaire à traverser quelques épreuves de la vie. Cette femme, ces femmes, par leur courage, leur force, leur audace et leur authenticité, m’ont accompagnée et soutenue bien souvent.
Forte de ma redécouverte, j’osais un petit sondage autour de moi. « Bingen? Bergen?, c’est une top suédoise, non c’est une nageuse allemande, ou une ville danoise… » Hildegarde parlait naturellement à quelques avertis, mais nous étions loin du compte!

Une abbesse visionnaire du XIIème siècle nommée Docteur de l’Eglise

Enfin, cet automne, la presse rafraichit la mémoire à nombre d’entre nous. Le 7 octobre 2012, Hildegarde de Bingen est devenue la quatrième femme Docteur de l’Église après Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila et Thérèse de Lisieux.
Mondialement connue pour ses œuvres musicales, ses enluminures, sa connaissance des plantes médicinales et parfois pour ses recettes de cuisine, cette abbesse bénédictine est avant tout une maîtresse spirituelle divinement inspirée. Irradiant le XIIème siècle de sa foi et de ses enseignements, contemporaine de Bernard de Clairvaux, mystique, femme de lettres, compositrice éclairée, cette femme exceptionnelle est d’une étonnante modernité. Visionnaire, elle a développé un aperçu cosmologique de l’homme et élaboré une médecine naturelle, fondée sur les liens entre le corps et l’âme. Thérapeute holistique, elle propose une conception intégrale de la personne : « Le corps est l’atelier de l’âme où l’esprit vient faire ses gammes ». Loin d’être surannés, ses travaux rencontrent aujourd’hui un intérêt croissant auprès des médecins et des hommes de science.
Dès l’âge de trois ans, Hildegarde fut sujette à des visions dont elle n’osa parler qu’à 43 ans, encouragée par le Pape Eugène III. Elle reçut des « révélations divines » sur l’origine des maladies et leur traitement, dans une vision totale de l’être humain ; elle composa plus de soixante-dix chants liturgiques, et célébra la nature en répertoriant plantes, animaux et pierres dans des encyclopédies. Ses écrits, pratiquement oubliés pendant huit cents ans, ont été redécouvert au siècle dernier.

Ecologiste, Thérapeute holistique, compositrice et femme de lettres.

Ecologiste avant l’heure, elle intuitionne que le destin de la planète dépend de l’homme. « Le feu, l’air, l’eau et la terre sont présents dans l’homme et c’est d’eux qu’il est formé » explique-t-elle dans « Les Causes et les Remèdes » (Ed. Jérôme Million). Selon l’abbesse, un trouble ne se réduit pas à l’organe malade, il atteint l’homme dans sa globalité ; « l’âme habite le corps comme la sève habite l’âme » dit-elle. Sachant que le lien entre l’homme et son environnement est indissociable, il devient évident de soigner et respecter de concert l’ensemble du vivant. Notre démarche de thérapeute se fonde naturellement sur ce postulat qu’un homme ne peut être soigné que dans sa globalité en synergie avec son contexte, et la triade incontournable corps, cœur, esprit.

Une femme d’une étonnante modernité.

Souhaitant observer scrupuleusement la règle bénédictine qui exige humilité et obéissance, Hildegarde dut puiser dans une autre de ces règles –aptitude à distinguer l’essentiel et à conserver en tout une juste mesure- pour oser évoquer ses visions et assumer une vie publique stupéfiante avec une liberté de ton inédit de la part d’une femme à cette époque.

Dans ses livres « Lettre d’une amoureuse à l’adresse du pape » (Ed. la Table ronde.2007), et « Les amitiés célestes » (Ed. Albin Michel, 2010) Jacqueline Kelen évoque la « Femme d’autorité, … incarne une féminité puissante, très rare, et qu’on peut lui envier ». « Rien à voir, dit-elle, avec la vision courante et misérabiliste de saintes soumises. Elle n’est pas en rivalité avec les hommes, mais en complémentarité. Elle pose sur le monde et ses acteurs un regard différent » et original, avec une élégance, une sagesse et une force dont s’inspirent un bon nombre de femmes aujourd’hui.

Défenseuse engagée des droits de l’Homme et du respect de la vie.

Prophète (interprète des Dieux) mystique visionnaire, elle ne dévoile pas l’avenir pas plus qu’elle n’anticipe sur nos
découvertes scientifiques, mais elle lutte inlassablement contre les maux de son temps et pour une prise en charge syncrétique de la santé de l’homme connecté à la nature. A lire : « Hildegarde de Bingen, prophète et docteur pour le 3ème millénaire » de Pierre Dumoulin.

Elle vit sans rupture avec le monde extérieur ; ce qu’elle expose n’a rien à voir avec les doctrines ésotériques qui rejettent ce qui ne leur ressemblent pas, faisant de leur prosélytisme un combat intégriste.  Jusqu’à la fin de sa vie (81 ans!), Hildegarde soigne, écoute, étudie, écrit, enseigne, compose, et parcours l’Europe pour diffuser ses « révélations divines ». Horrifiée par la vie dissolue d’une partie du clergé alors qu’une autre vit dans une ascèse jugée excessive, elle dénonce ces démesures haut et fort, exhorte à la modération, sans jamais prendre position dans le conflit entre le pape (2 papes même!) et l’empereur. On le constate, et le lien avec notre monde d’aujourd’hui est incontournable : le Moyen Age est une époque de profonde transformation ;  ouverte aux sciences venue d’Orient par le biais des Croisades, elle est également bouleversée sur le plan spirituel. Hildegarde apporte des repères et un nouveau souffle.
Encore et surtout aujourd’hui, son œuvre contribue au changement de paradigme actuel.
Deux associations pour découvrir la thérapie et la spiritualité d’Hildegarde :

Hildegarde de Bingen – Les Jardins d’Hildegarde 78770 Auteuil-le-Roi

La Maison de Sainte Hildegarde 51160 Champillon

Son œuvre musicale, à écouter avec :

Anonymous 4, coffrets CD, Harmunia Mundi. « The Origin of Fire, music and Visions of Hildegard von Bingen ». Et « 11,000 Virgins, chants for the Feast of St. Ursula ».

Des livres  pour aller plus loin :

« Le livre des œuvres divines » (Ed.Albin Michel). Dernier ouvrage écrit par H. de Bingen, ce livre dépeint la dimension
cosmique de la création.
« Prévention et guérison des maladies » Dr Strehlow (Ed François Xavier de Guibert) nouvelle impression juin 2010. Alors que jamais, dans son histoire, l’humanité n’a disposé d’autant de savoir et d’expérience dans tous les domaines pour mener une vie harmonieuse et saine; on observe paradoxalement, dans les pays les plus riches de nombreuses maladies chroniques, dites  « de civilisation », dont le cancer, les rhumatismes ou le diabète…

Une telle évolution nécessite un changement de comportement urgent, un nouvel art de guérir tenant compte de l’homme dans son intégralité, car âme et corps sont liés comme le miroir à son reflet, lui permettant d’être le premier responsable de sa santé. C’est ce principe même qu’Hildegarde de Bingen a compris il y a huit cents ans. Les innombrables guérisons obtenues grâce aux
remèdes d’Hildegarde ont ainsi encouragé le docteur Wighard Strehlow à mettre au point un programme de cure complet, avec des traitements spécialement élaborés, qui reposent entièrement sur cette œuvre géniale, selon laquelle l’homme doit vivre en harmonie avec une création faite pour lui, et qu’il doit se soucier, en permanence, de la juste mesure.

« Adieu tristesse ou comment échapper à la déprime » du Dr Hertzka (Ed Résiac) Tristesse et déprime, pessimisme et
désespoir, multiples sont les mots qui disent les maux de l’âme : mal métaphysique, mal de vivre que nombre de nos contemporains ont tant de mal à vivre !
Adieu tristesse ! Cri dedélivrance, cri de re-naissance à la clarté que nous clame sainte Hildegarde ; depuis la nuit des temps, sa thérapie chasse les nuits de l’âme. Epeautre, psyllium, camomille, pyrèthre, fenouil, réglisse, hysope, violette… le ciel a fait don généreux à la terre avec ces « psychotoniques » savamment dosées, auxquels viennent encore s’ajouter les pierres fines aux vertus
cachées.

Patricia Serin le 30 octobre 2012

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